Des étincelles, de l’acier en fusion et des coups de marteau bien précis – Karim Khedira est l’un des derniers forgerons et maîtres couteliers et passionné par l’un des plus vieux métiers du monde. Nous étions invités dans son atelier et avons eu le plaisir de suivre le processus de forgeage d’un couteau en damas, entouré de chaleur et de poussière dans cet environnement extrêmement bruyant. Tout a commencé en tant que projet dans le groupe Facebook “Rollschleifer Owners Club” : ses membres ont voté l’ensemble des attributs de ce couteau unique, qui a ensuite été développé par Karim et Timo Horl. Lorsque nous pénétrons dans l’atelier rustique de Karim à Liestal, en Suisse, c’est identique à un voyage dans le temps. À la place des technologies modernes, nous découvrons des vieilles machines à pédales, comme le marteau pneumatique “Herkules” des années 1940. Nous sommes emportés par la passion contagieuse de Karim pour son métier et la façon dont il produit de façon traditionnelle les pièces uniques damassées grâce à son sens des proportions, sa précision et son attention pour les détails.
Forger le bloc
en damas
Pour le couteau, Karim sélectionne d’abord trois aciers différents et porte une attention particulière à leur teneur en carbone – plus la teneur en carbone est élevée, plus l’acier sera dur. Cet aspect est très important pour la stabilité de la lame. Un point décisif pour l’aspect visuel du couteau damassé est la teneur respective en nickel et en manganèse des aciers. “Ceux-ci vont donner la structure caractéristique à la lame. Plus nous utilisons d’aciers différents, plus la lame présente des contrastes différents par la suite.”
Entre les hautes températures et les étincelles, Karim divise les aciers choisis en trois parties égales, puis les plie en un bloc d’acier. L’ensemble est brièvement soudé et grossièrement affûté. Karim transporte ensuite le bloc au four préchauffé à 1100-1200 degrés pour le soudage par forgeage. Ainsi, les différentes couches s’assemblent et forment un acier. À la sortie du four, Karim saupoudre l’acier avec du borax, créant ainsi une surface étanche à l’air. À l’aide du marteau pneumatique “Herkules”, Karim forge ensuite le bloc d’acier et l’étire jusqu’à une longueur d’environ 50 centimètres. Il divise ensuite le résultat en quatre morceaux égaux qu’il replie, reforge et ressoude au feu en un nouveau bloc d’acier. C’est la répétition de ce processus qui crée le motif damassé, initialement invisible. Après le troisième passage, notre bloc d’acier a un total de 256 couches de damas. C’est à partir de celui-ci que Karim forgera ensuite le couteau.
Forger un Couteau en Damas
Martelage, affûtage, polissage
Le couteau prend forme
Inspiré par le bunka japonais, nous donnons à notre couteau une extrémité en biseau et un dos bien droit. Après que Karim ait travaillé la transition entre le manche et la lame, il réduit ensuite la dureté de l’acier en repassant le couteau dans un four préchauffé à 700 degrés. Ainsi, le couteau peut être travaillé plus facilement. Ensuite, la lame est aplanie grâce à la rectifieuse de surface et l’épaisseur du couteau est réduite à trois millimètres. Dès que cette épaisseur est atteinte, Karim travaille le contour de la pièce en la ponçant à la bande. Une précision absolue est requise pour cette étape délicate.
La touche finale
Révélation du motif damassé
et montage du manche
La lame est pré-affutée sur la grande meule et obtient ainsi son tranchant. Après un traitement à la chaleur pour obtenir une lame stable et rigide, à la sortie du four à 850 degrés le couteau est trempé dans l’huile. Afin que l’acier du couteau atteigne la dureté souhaitée, le couteau préliminaire est mis au four pendant deux heures. Aiguisé et poli à nouveau, Karim trempe ensuite le couteau dans de l’acide chlorhydrique. Le bain d’acide est l’étape la plus passionnante car la structure impressionnante de l’acier damassé apparaît enfin. Ce qui ressemble à de la magie pour nous, est en fait de la pure chimie. Grâce à la meule de polissage, Karim fait ressortir le motif damassé dans toute sa splendeur. Une fois que Karim a fixé le manche plat en chêne des marais, la dernière étape est l’affûtage final à la pierre d’aiguisage avec un grain 3000.
Finition essentielle
Pour un Meilleure tranchant
À présent, nous tenons en main notre belle pièce en damas avec 256 couches d’acier, et une dureté comprise entre 61 à 63 HRC, pour une longueur totale de 31 centimètres et une longueur de lame de 18 centimètres. Évidemment nous ne pouvons pas résister à l’envie d’aiguiser ce beau couteau en damas avec notre aiguiseur HORL®2. La hauteur du couteau est parfaitement adaptée à l’aiguiseur. Pour atteindre le meilleur tranchant possible du couteau damassé, nous utilisons la pierre en corindon extra-fine de notre set d’aiguisage premium. Le grain fin de #6000 de la pierre HORL® extra fine donne à la lame le parfait tranchant final.
Puissance et précision
Le secret du succès
“Dans le métier de forgeron et de coutelier, il est très important d’avoir un certain sens des proportions et un savoir-faire artistique. Jusqu’à aujourd’hui, à part les machines, presque rien n’a changé par rapport au métier d’origine. Je suis fasciné par le fait de donner d’abord une forme à l’acier grâce au feu et mes coups de marteau bruts, puis d’élaborer de plus en plus précisément, les détails de mes œuvres. Pour moi, la raison pour laquelle on disait autrefois que la forge était magique, est évidente, car elle exige une énorme quantité de connaissances.”
– Karim Khedira